Prononciation de « 知らぬが仏 »
Shiranu ga hotoke
Signification de « 知らぬが仏 »
“Ne pas savoir, c’est être Bouddha” est un proverbe qui signifie qu’on peut maintenir la paix de l’esprit en restant ignorant de certaines choses.
En d’autres termes, il exprime qu’apprendre des faits ou des vérités inutiles peut donner naissance à des émotions comme l’inquiétude, l’anxiété et la colère qui perturbent la paix de l’esprit, mais en restant ignorant, on peut maintenir un état d’esprit calme comme Bouddha. Ce proverbe est utilisé concernant des sujets qui pèseraient lourdement sur l’esprit s’ils étaient connus, tels que les troubles interpersonnels, les injustices sociales, ou les anxiétés concernant l’avenir.
Il est utilisé dans des situations où quelqu’un semble heureux tout en ignorant la vérité, ou quand il y a des informations qu’il vaudrait mieux laisser inconnues. Il est aussi utilisé quand on réfléchit sur comment on était heureusement en paix en conséquence d’ignorer quelque chose.
Même à l’époque moderne, il existe de nombreuses situations où il est mentalement plus facile de rester ignorant, comme le harcèlement en ligne sur les réseaux sociaux, les relations interpersonnelles au travail, ou les circonstances familiales compliquées. Précisément parce que nous vivons à une époque de surcharge d’informations, la “valeur de ne pas savoir” que ce proverbe incarne revêt une signification encore plus profonde.
Origine et étymologie
L’origine de “Ne pas savoir, c’est être Bouddha” est profondément enracinée dans les enseignements bouddhistes. Cette expression aurait commencé à être utilisée à partir de la période d’Edo et est née du concept bouddhiste de “l’état d’ignorance.”
Dans le bouddhisme, l’état idéal est d’être libéré des désirs et attachements mondains, et dans ceci se trouve le concept de “paix par le fait de ne pas savoir.” En d’autres termes, en restant ignorant de sujets inutiles, l’esprit n’est pas perturbé et peut rester aussi calme que Bouddha.
L’influence du bouddhisme zen est particulièrement forte, et cela est aussi lié au concept philosophique de “savoir qu’on ne sait pas.” Il enseigne l’importance de maintenir un état d’esprit pur sans être influencé par la connaissance ou l’information.
Pour les gens ordinaires de la période d’Edo, cet enseignement était très familier et pratique. Puisque la transmission d’informations était limitée à cette époque, ils pouvaient effectivement mener une vie quotidienne paisible en restant ignorants d’événements lointains ou de circonstances compliquées.
Aussi, le mot “Bouddha” est utilisé non seulement pour sa signification religieuse mais aussi pour exprimer “un état idéal d’atteinte de la paix de l’esprit.” La paix de l’esprit gagnée par le fait de ne pas savoir était comparée à l’état le plus sublime de “l’état d’esprit de Bouddha.”
Exemples d’usage
- Elle ne soupçonne pas du tout l’aventure de son mari, donc elle semble heureuse dans son état de “ne pas savoir, c’est être Bouddha”
- Les nouveaux employés qui ne connaissent pas la situation financière de l’entreprise sont détendus dans leur état de “ne pas savoir, c’est être Bouddha”
Interprétation moderne
Dans la société moderne, “Ne pas savoir, c’est être Bouddha” a pris une nouvelle signification comme proverbe qui symbolise la complexité de notre société de l’information. Avec la diffusion d’internet et des réseaux sociaux, nous avons maintenant accès à une quantité d’informations inimaginablement vaste comparée au passé. Cependant, en conséquence, les “effets néfastes de trop savoir” sont aussi devenus apparents.
Par exemple, nous pourrions nous sentir inférieurs après avoir vu les vies épanouissantes d’autres personnes sur les réseaux sociaux, devenir anxieux après avoir appris des événements tragiques dans le monde par les nouvelles, ou nous inquiéter inutilement après avoir recherché des symptômes de maladie sur les moteurs de recherche. Dans de telles situations, beaucoup de gens ressentent qu’ils “étaient plus heureux de ne pas savoir.”
D’autre part, la société moderne met aussi l’accent sur l’importance du “droit de savoir” et de la “divulgation d’informations.” Il y a certainement des domaines où la société s’améliore grâce à la connaissance, comme la transparence politique et la responsabilité des entreprises. Pour cette raison, les valeurs de “Ne pas savoir, c’est être Bouddha” sont parfois critiquées.
Cependant, ce qui est important est le concept d'”ignorance sélective.” Il n’y a pas besoin de tout savoir, et nous avons besoin de la capacité de discerner quelles informations sont nécessaires pour notre bonheur et notre santé mentale et quelles informations sont inutiles. Pour les gens modernes, “Ne pas savoir, c’est être Bouddha” pourrait être réévalué comme sagesse pour maintenir une distance appropriée avec l’information.
Quand l’IA entend ceci
Dans le proverbe « Shiranu ga hotoke » (l’ignorance est un bonheur), le « hotoke » (Bouddha) incarne en réalité deux systèmes de valeurs contradictoires. D’un côté, il représente « la sérénité obtenue par l’ignorance », de l’autre, « l’être éveillé qui a atteint la vérité », soit le véritable Bouddha.
Dans la doctrine fondamentale du bouddhisme, l’ignorance (avidyā) est considérée comme la source même des souffrances du cycle des réincarnations. Selon les Quatre Nobles Vérités enseignées par le Bouddha, la cause de la souffrance réside dans l’attachement né de l’ignorance, et seules la connaissance juste et la perspicacité permettent d’atteindre la libération. Autrement dit, dans le bouddhisme authentique, « savoir » constitue la voie vers le salut.
Or, dans « Shiranu ga hotoke », cette logique s’inverse complètement. Le « Bouddha » ne désigne plus un être qui a trouvé la paix en connaissant parfaitement la vérité, mais plutôt un état exempt de tourments précisément parce qu’il ne sait rien. Il ne s’agit plus d’un « éveil » bouddhique, mais plutôt d’une idéalisation du « bonheur de l’ignorance ».
Cette contradiction révèle un phénomène unique né du processus d’assimilation du bouddhisme par les Japonais. Plutôt que d’adhérer aux doctrines bouddhiques exigeant une pratique rigoureuse et un apprentissage approfondi, ils ont réinterprété le concept de « Bouddha » comme une sagesse pratique privilégiant la sérénité quotidienne de l’esprit. Il en résulte qu’un seul proverbe fait coexister deux valeurs diamétralement opposées : « la libération par la connaissance » et « la paix par l’ignorance ».
Cette dualité illustre parfaitement la flexibilité et le pragmatisme de la vision religieuse dans la culture japonaise.
Leçons pour aujourd’hui
“Ne pas savoir, c’est être Bouddha” enseigne aux gens modernes comment traiter sagement l’information. Il montre qu’il n’y a pas besoin d’essayer de tout savoir, et parfois il est important d’avoir le “courage de ne pas savoir.”
Dans la société moderne, gagner de l’information tend à être considéré comme une vertu, mais pour maintenir votre paix de l’esprit, il est aussi nécessaire de bloquer consciemment l’information. Par exemple, essayez de commencer par de petites pratiques comme ne pas regarder trop de nouvelles négatives, ne pas fouiller trop profondément dans la vie privée des autres, ou maintenir une distance appropriée avec les réseaux sociaux.
Aussi, ce proverbe ne “recommande pas l’ignorance.” Ce qui est important est de développer la sagesse pour distinguer entre l’information vraiment nécessaire et l’information inutile qui ne fait que vous rendre anxieux.
Dans votre vie, vous pouvez choisir quoi savoir et de quoi rester ignorant. Parfois arrêtez-vous et demandez-vous, “Ai-je vraiment besoin de cette information ?” Cela devrait servir comme guide important pour mener des jours épanouissants tout en maintenant la paix de l’esprit. Tout comme nous reconnaissons la valeur de savoir, veuillez aussi reconnaître la valeur de ne pas savoir.


Commentaires